Gangsters en metamorfose [Gangsters and Metamorphosis]

Ensemble

[Gangsters et métamorphose]

Jan Fabre est encore un jeune bagarreur quand il prend conscience de la beauté du langage de la rue. Il attache une grande importance à la loyauté qui y règne. La poésie et le style des bagarres de rue, les lois qui y règnent, basées sur la force physique et mentale, et le code d’honneur sont les motifs principaux qui l’incitent à réaliser des performances. Pour réunir du matériel, le jeune artiste commet des effractions dans des villas des quartiers chics d’Anvers. Lui et ses amis forment « la bande de Cartouche ». Ce qu’ils volent est vendu pour acheter du matériel de dessin ou est utilisé dans des installations. Fabre expose le matériel volé lors de ces maraudes dans Burglaries & Street-Fights. Dans Het gevecht (le combat), il représente dans un court extrait la loi de la rue.

Au Louvre, à Paris, Fabre présente la performance de cinq heures Art kept me out of jail, inspirée du malfaiteur français Jacques Mesrine, un personnage qui l’intrigue depuis longtemps. Au milieu des sculptures antiques et des sarcophages, Fabre se déguise et adopte sans cesse des apparences différentes, pour finalement s’écrouler sous une longue salve de balles. Aux yeux de Fabre, Mesrine est un artiste de l’évasion et un maître de la métamorphose. Ce personnage est une métaphore de l’artiste, lui-même un grain de sable dans les rouages de la société. En même temps, la performance est un commentaire sur la situation muséale : l’art ne sert pas seulement à être conservé, mais doit aussi retrouver le chemin du monde extérieur pour être significatif.

Dès le début, la métamorphose, la transformation est un thème majeur dans les performances de Jan Fabre. À la fin des années 70, l’artiste se métamorphose régulièrement en personnages divers, grâce à un ami maquilleur : Fred Astaire, Jim Morisson, Jacques Mesrine, un prince arabe… La précision des mouvements de Fred Astaire lui fait considérer la chorégraphie comme une forme de dessin avec le corps. Dans la performance Tonight I want to be Fred Astaire. Tonight I want to be a killer, Fabre opère une métamorphose de l’animal à l’humain et de l’humain à l’animal. En réaction à son physique de gringalet à l’époque, Jan Fabre se fait tailler un costume sur mesure en viande pour la performance Ich bin ein Skelettmann. En 2013, dans la reconstitution pour le film de Pierre Coulibeuf, l’homme-squelette engage le dialogue avec les œuvres charnelles de Pierre Paul Rubens.

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