Bloed [Blood]

Ensemble

[Sang]

Jan Fabre mentionne sa visite d’une exposition sur les stigmates et les mortifications au Musée Groeningen à Bruges, alors qu’il était jeune étudiant, comme une source d’inspiration et un moteur important de son choix de faire des performances. La matérialité corporelle étourdissante et la signification du sacrifice du sang ont incité l’artiste à transpercer son propre corps. Pendant la performance My body, my blood, my landscape, Fabre se taillade le corps à l’aide d’une lame de rasoir et se sert de son sang pur pour écrire des mots et des signes sur le papier. Dans des performances ultérieures, Fabre puise aussi son inspiration auprès des maîtres du Moyen-Âge comme Jean Van Eyck, Jérôme Bosch et Pierre Bruegel l’Ancien. Squelettes et crânes, animaux empaillés et harnais sont des éléments récurrents.

Pendant la performance de plus de cinq heures Sanguis/Mantis, Fabre met au point ses conceptions autour de l’art, la religion, la transe, la transformation et rédige un manifeste avec son sang : there’s no getting used to art (on ne s’habitue pas à l’art). Il se meut de manière rituelle entre 13 tables, dirigé par plusieurs outils. La perte de sang et l’intoxication de la rouille de l’armure entraînent l’artiste dans une guerre d’usure quasi mystique qui accroît sa conscience et l’incite à créer. Création et destruction deviennent ainsi les deux tranchants de la même lame. La forme du casque s’inspire de la mante religieuse, qui prédit l’avenir pendant qu’elle suce le sang.

Par respect pour l’art et par amour de la beauté, Jan Fabre et Marina Abromović partent en quête, dans leur performance en duo Virgin/Warrior, des guerriers puceaux ayant lutté pour la beauté au cours de l’histoire. Enfermé dans une gigantesque cage en verre, Fabre porte l’armure du scarabée nasicorne, Abramović, celle de la guêpe. La performance dure quatre heures et se compose de 26 parties ou actions, qui varient de références à des images iconiques (saint Georges, la Pietà, etc.), à des expressions d’états d’âme et l’écriture ou le dessin avec le sang de l’autre. Ces actions sont un combat des deux artistes pour atteindre une nouvelle condition (humaine) : « À travers nos actions, nous tentons de retrouver l’état de l’enfance, la transparence, la virginité dans nos actes. »

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